D'un point de vue technique, le côté ouvert d'un smartphone Android en fait pour les électroniciens un outil fantastique pour développer soi-même des applications. Non pas pour téléphoner, mais pour explorer et utiliser des éléments internes tels que :
  • Accéléromètre
  • Batterie
  • Bluetooth
  • Thermomètre
  • Appareil photo
  • Affichage
  • Radio
  • Synthèse sonore
  • Écran tactile
  • Wi-Fi
  • Codecs MP(x)/vidéo

Ce dont nous avions rêvé autrefois existe aujourd'hui dans tous les smartphones sauf les modèles très bon marché. Pour moins de 100 €, un smartphone raisonnablement équipé semble décourager toute tentative de concevoir ex-nihilo les modules ci-dessus et permet de les intégrer dans toutes les applications qui vous passent par la tête. Sans surprise, je note qu'une grande partie des projets émanant des ingénieurs qui contribuent au magazine Elektor utilisent un smartphone. En général l'interface utilisateur (UI) exploite son écran pour ses fonctions tactiles et d'affichage et communique en Bluetooth ou WiFi.

Boutons, cadrans, vu-mètres, curseurs... Pourquoi s'ingénier à percer, souder et même acheter des pièces détachées alors que toute l'interface peut être là, au creux de la main, autonome, sans fil et totalement reconfigurable par logiciel ?

Les fonctions sonores intégrées dans un smartphone intéressent beaucoup les développeurs, bien au-delà d'applis fantaisistes du type sonnerie extravagante. Il en va de même pour les capacités de traitement sonore des smartphones qui permettent la réalisation d'instruments de laboratoire : analyseurs de spectre ou sonomètres grand public (bien qu'en ce qui concerne la précision, ce soit une autre paire de manches). Chez Keuwlsoft, les concepteurs d'applications ont apparemment exploré en profondeur la synthèse sonore dans les arcanes de la programmation Android et des périphériques des smartphones pour concocter une appli de générateur de fonctions double voie.

Désolé, je ne peux pas vous le faire essayer

Dieu sait pourquoi, on me demande souvent d'essayer vite fait sur le tas un équipement audio ou de laboratoire dans un environnement bruyant ou agité comme un vide-grenier ou un marché aux puces. Est-ce que la bobine de ce driver 8 Ω est bonne ? Est-ce que cet oscillo fonctionne ? Est-ce que le vu-mètre de ce mélangeur marche ? Bien que de nombreux vendeurs soient de bonne foi quand ils vous disent « mon stand n'a pas l'électricité », ils devraient faire en sorte que vous puissiez tester leurs objets en les allumant, même s'ils doivent les brancher sur une prise de la cantine ou du bar voisin. Cependant, dans la plupart des cas, ce n'est pas parce que le fusible reste intact à l'allumage que l'appareil fonctionne. Il faut un signal de test convenable pour en être sûr.
C'est dans cet état d'esprit que j'étais curieux de vérifier les performances d'un générateur de signaux test dont je n'avais pas réalisé jusque-là qu'il était à ma disposition : mon smartphone Samsung !

Générateur de fonctions à double voie Keuwlsoft

Non seulement cette appli est libre, mais elle fonctionne sans messages publicitaires. J'ai appris ça sur un forum de rétronique consacré aux appareils de mesure !
L'installation est un bonheur et, par défaut, le générateur envoie le classique signal sinusoïdal à 440 Hz. Pour entendre le signal sur le haut-parleur interne du téléphone, il faut appuyer sur le bouton OUT en bas à droite de l'écran et j'ai pu tester un certain nombre de fonctions à l'oreille (et accorder une guitare). Le fonctionnement est intuitif dès lors que vous avez compris que OUT doit être coupé pour accéder à certains menus (par exemple le bloc balayage SWEEP). Après avoir défini la fonction souhaitée, la fréquence, l'amplitude, etc., il suffit de réappuyer sur OUT pour produire le signal. C'est différent de mon générateur de fonction 100 % analogique qui fournit en permanence un signal de sortie sans tenir compte des boutons que je manipule. Ma petite idée, c'est que sur l'appli de Keuwlsoft, OUT supprime les bruits de commutation et les transitoires lors de la configuration du générateur audio avant que le signal ne se stabilise et évite d'endommager des équipements et, accessoirement, d'énerver les parents...

Stéréo ! Et un câble DIY.

L'appli permet de programmer deux formes d'onde et deux amplitudes différentes grâce aux deux voies séparées (CH1 et CH2) que vous pouvez activer, désactiver ou mélanger ou bien assigner aux voies droite et gauche au moyen de deux petits curseurs et des boutons RIGHT et LEFT. J'en déduis qu'il faut que je me fabrique un cordon pour prélever le signal sur le jack de sortie et l'injecter dans l'équipement que je veux tester rapidement. La plupart des smartphones (à l'exception de certains modèles d'Apple où le sans fil est la règle) disposent d'un jack stéréo de 3,5 mm pour les E/S audio, plus précisément : sorties audio droite et gauche, entrée microphone et masse. Sur mon J5-DUO Samsung, le connecteur audio est en bas du téléphone, à côté du connecteur USB.
La conservation et le recyclage sont de bonnes choses : dans une tentative passée de réaliser des figures oscilloscopiques façon « Jerobeam Fenders » avec mon ordi portable sur un oscillo des années 1950, j'avais fabriqué un câble spécial à zéro euro en coupant les écouteurs d'un casque trouvé sur le trottoir. Après nettoyage, j'ai séparé et dénudé les fils pour accéder à la masse et aux signaux. Il s'agissait d'un fil de Litz tressé très fin et difficile à souder, mais j'ai réussi en augmentant la température de la panne. Pour mon essai, j'ai connecté les extrémités des fils signaux et masse sur les broches de deux adaptateurs banane-BNC.
Si la manipulation d'une lame tranchante vous effraie, vous pouvez utiliser un câble d'extension audio avec un jack stéréo de 3,5 mm à chaque extrémité et un jack femelle qui vous permettra de recueillir les signaux D & G et la masse.