Puisque le climat change, changeons-le. C’est en deux mots l’ambition de la géo-ingénierie, un ensemble de pratiques visant une régulation délibérée du climat. Un programme prioritaire de grande envergure de l’agence allemande de recherche regroupe un noyau de 18 chercheurs d’horizons divers. Son objectif : évaluer l’impact social, politique et environnemental de la géo-ingénierie.

Quelques exemples. En 2011, en Grande-Bretagne, on injecte pour la première fois dans la stratosphère des particules pour réfléchir les rayons solaires vers l'espace, et contrecarrer ainsi le réchauffement climatique. À Pékin, un bureau des modifications météorologiques emploie 37 000 personnes. Mission : modifier le temps. L'ensemencement des nuages à l'iodure d'argent durant les Jeux olympiques de 2008 a permis d'éviter les averses et a assuré ainsi le bon déroulement des épreuves sportives.

En rejetant pendant deux siècles, entre autres d'énormes quantités de CO2 dans l’atmosphère, les activités industrielles ont participé (sans en avoir l’intention) à une immense expérimentation à l'échelle planétaire. Selon le chimiste et météorologue Paul Crutzen, c’est le signe d’une nouvelle ère géologique où l’homme est le premier agent : l’anthropocène.

Certains chercheurs pensent qu’il est possible de renverser sinon de limiter les conséquences de cette expérience "involontaire". La fertilisation du plancton océanique pour accroître ses capacités d'absorption du CO2, l’augmentation de la quantité d’aérosols dans l’atmosphère, tels sont, piochés parmi tant d’autres, les exemples d’interventions envisagées à cette fin.

Ces techniques seraient-elles efficaces ? Ne sont-elles pas un prétexte pour se détourner de la nécessaire diminution des pollutions actuellement produites ? Qui peut prendre la responsabilité d’expérimentations qui font du climat et donc la planète entière un laboratoire ? Qui assumera les immanquables effets secondaires de ces expérimentations ? Tant de questions auxquelles ces chercheurs en géo-ingénierie tenteront de répondre.

Espérons que le temps nous soit donné d’en lire quelques réponses...