Vous n'ignorez sans doute plus le rachat par Microsoft de Skype VOIP services for a cool, clean 8.5 billion dollars annoncé la semaine dernière.

Au-delà des considérations de phynance et de ressources humaines qui occupent la plupart des chroniqueurs ici et outre-Atlantique, il est peut-être bon de se poser la question de la confidentialité.

Nous connaissions déjà un système d'exploitation qui présentait beaucoup des caractéristiques d'un virus : un programme que nous n'avons pas voulu, auquel on ne peut pas échapper, qui communique à notre insu avec son auteur, qui a accès à toutes nos données.

 

Expérience vécue : modifiez quelques-uns des fichiers de configuration pour exploiter une possibilité cachée de Windows XP. Il s'agit de monter trois disques durs en RAID 5, pour créer un stockage sécurisé. Le dispositif fonctionne parfaitement, même s'il n'est pas documenté par Micro$oft. Il suffit, en gros, de faire croire au système qu'il s'appelle NT au lieu de XP Pro et le tour est joué.

De là à croire que le supplément de prix des versions « serveur » ne tient qu'à l'activation de certaines fonctions et que toutes les versions sont identiques...

 

Et puis un jour, le système ne reconnaît plus la grappe de disques. Ce n'est pas par hasard : vous vous êtes connecté entretemps au serveur de Microsoft pour faire une mise à jour... de sécurité. Vitale et indispensable, naturellement.

Vous vouliez vous protéger des intrusions dans votre ordinateur et vous vous retrouvez avec des fichiers remis dans leur état d'origine, contre votre volonté.

 

Peut-être les vieux s'inquiètent-ils pour rien ? Non pas qu'il n'y ait pas d'atteinte à la vie privée, mais il semble que la vie ait cessé d'être privée pour tous ceux qui s'épanchent sur touitteur et fesse-bouc, sans se rendre compte que leurs confidences continueront d'exister et de circuler indéfiniment. Contrairement en cela à celles qu'on glisse à une oreille amie. Celles-là ne tombent que dans des oreilles choisies, elles s'estompent avec la mémoire de l'auditeur et s'éteignent au plus tard avec l'auditeur.

Faut-il voler au secours de victimes consentantes ?

Skype est du même tonneau, peut-être pire, si on considère que le Ministère (français) de la Défense a organisé des conférences pour mettre en garde ses personnels contre l'utilisation de Skype. Ces conférences décrivent tout bonnement Skype comme un virus : il s'installe lui-même, il se met à jour lui-même sans vous demander votre avis. Nul ne sait ce que font les exécutables que vous installez, ni ceux que ceux-là installent, une fois que vous avez ouvert la porte. Rien ne prouve qu'ils ont des intentions malignes, bien sûr. Rien ne prouve le contraire non plus.

 

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Reçu de Michel D. le 20 mai à 12h53

J'en ai un peu marre des considérations politiquement correctes au sujet des abus de microsoft...

Il semble qu'il soit de bon ton de critiquer ce fournisseur et la mauvaise foi est un must...

Alors lorsqu'on dit "De là à croire que le supplément de prix des versions « serveur » ne tient qu'à l'activation de certaines fonctions et que toutes les versions sont identiques...", on est dans la mauvaise foi profonde.

Un fournisseur ne va pas écrire n programmes différents, un pour chaque niveau de fonctionnalité que les utilisateurs souhaitent. Il en écrira un, et activera les fonctions vendues pour un niveau de prix donné.

Qu'y-a-t-il de machiavélique à ça? Cela assure une certaine cohérence entre les systèmes, et on paie pour ce dont on a l'utilité. Point. Si on a pas besoin d'un stockage sécurisé raid 5 (combien de personnes achetant leur pc en grande surface savent seulement ce qu'est un stockage raid?), et bien on achète la version légère. On en a besoin? On achète la version lourde... Mais on est dans un monde où il est normal de bénéficier de produits "gratuits", et donc c'est sans doute un scandale de nous faire payer??

Quand à la vie privée... Qui s'inquiète du fait que toutes les conversations téléphoniques filaires peuvent être écoutées par l'opérateur? Idem pour les opérateurs gsm... Les sms, les mails... Mais bon, il n'y a que microsoft qui est suspect, bien sur. Les programmes de chat ou de vidéoconférence sous linux sont au dessus de tout soupçons...

Ben voyons...

Mio

 

Reçu de Joel N. le 20 mai à 13h11 

Nul besoin de Skype ou d’un quelconque programme pour divulguer ou récolter des informations sur votre vie privée, la plupart des utilisateurs (privés, organisations, sociétés,…) aujourd’hui, le font de par eux-mêmes en utilisant la plateforme Facebook.

Combien de fois n’ai-je pas entendu à la radio (et ce pour des chaînes publiques !), « retrouvez plus d’informations sur notre page Facebook ». En prenant ce genre d’attitude, et quelque part vous n’avez pas le choix, vous cautionner un système de récolte de données à caractères privé.

Quand je vois la quantité de données confidentielles que récupère Facebook, et vraiment de tout ordre, je me demande ce qui se passerais s’il prenait l’envie à un groupe de pirate ou même à un gouvernement d’aller fouiller dans celle-ci.

“1984, Big Brother is watching you” est là.

 
Reçu de Stéphane C. le 20 mai à 18h59

L'énormité du montant de la transaction, plus de 8 milliards de dollars, prouve que l'enjeu de la transaction pour Microsoft n'est pas d'acquérir la maîtrise d'une technologie télécom (depuis longtemps ils savent faire appel aux ingénieurs nécessaires pour développer en interne), mais de savoir qui rentre en relation avec qui, et quand, ceci en temps réel, comme déjà ils le font depuis juillet 1996 avec leur messagerie Hotmail, augmentée et rebaptisée Windows Live Hotmail depuis mai 2007.

Pour l'instant, on se dore la pilule, on se rassure en se disant que le prix-marché d'un système télécom tel Skype atteint un tel sommet non pas pour la connaissance Big Brother en elle même, mais pour que cette connaissance Big Brother n'aille pas à un concurrent de Microsoft tel Google.

Microsoft ne valorise donc plus selon la valeur-utilité ou la valeur-rentabilité (c'est tellement ringard en IT, n'est-ce-pas), Microsoft ne valorise pas non plus selon la valeur-potentiel (c'est elle qui a créé les bulles financières qui ont mené aux désastres). Microsoft vient juste d'inventer une nouvelle forme de valorisation, paranoïaque, grosso-modo le potentiel négatif "pas nous".

Réjouissons-nous : une firme comme Microsoft a la surface financière pour garantir sur ses fonds propres que la confidentialité sera garantie. Mais lisons d'abord les conditions générales que Microsoft concoctera, que vous devrez déclare