Faire parler l'électronique avec une voix humaine, cela s'appelle la synthèse vocale, un vieux rêve des électroniciens, resté en partie inaccompli parce que le défi technique est rude. Aujourd'hui, la numérisation des signaux audio a pris la relève et fournit des circuits de parole présents dans d’innombrables applications tant ils sont bon marché. Dans ce cas, le principe de la synthèse de parole proprement dite a été abandonné. Ces circuits, au lieu de synthétiser quoi que ce soit, numérisent un signal vocal au moyen d’un convertisseur analogique/digital, le mémorisent dans une mémoire EEPROM, pour le restituer par un procédé de lecture grâce à un convertisseur numérique/analogique. Ils font ça très bien, toutes fonctions regroupées dans un même boîtier pour un prix bien souvent dérisoire, surtout quand ils sont fabriqués à grande échelle.

 

Si nous en parlons ici, c’est parce que nous en avons découvert un sur un dévidoir de papier hygiénique. Ce chef-d’œuvre de technologie, disponible depuis déjà un certain temps aux Etats-Unis pour moins de 10 $ (environ 7 €) a fini par traverser l’Atlantique. Enclenché par la consommation de papier, il reproduit un message préalablement enregistré par son propriétaire.

Selon votre état d'esprit, vous enregistrerez des blagues de plus ou moins mauvais goût, ou un message à portée éducative et prophylactique, conseillant par exemple de se laver les mains en quittant les toilettes ou bien encore de remplacer le rouleau de papier si l’on a consommé la dernière feuille disponible…

PS: Si l'évocation des lieux d'aisance vous met mal à l'aise, veuillez ne pas vous en offiusquer. Pincez-vous le nez et passez vite votre chemin. Si au contraire la scatologie ne vous effraye pas, surtout quand elle est bien tournée, c'est peut-être le moment de lire ou de relire le morceau d'anthologie du Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline, dans lequel Bardamu découvre, à Manhattan où il vient de débarquer (p. 195 et suivantes de l'édition Folio), la caverne fécale, c'est-à-dire les toilettes publiques souterraines, et le communisme joyeux du caca