Tout comme un oiseau de nuit, j’aimerais que mon appareil photo fasse des merveilles picturales à une sensibilité de 3200 ISO. Et comme un bon pigeon ayant picoré les miettes du vendeur, je suis un peu déçu par mon capteur CMOS dont le nombre de pixels dépasse pourtant la population des plus grandes villes. Bref, si la gamme professionnelle des appareils photo offre aujourd’hui de belles performances en basses lumières, cela reste moins flagrant sur du matériel grand public. Néanmoins le procédé de fabrication CMOS a encore quelques bonnes cartes dans son jeu !

Son atout fait parler de lui et il s’appelle graphène. Ce matériau est, chose rare, un « porteur chaud ». C'est-à-dire que lorsque ses électrons sont exposés à la lumière, ils produisent de la chaleur sans pour autant élever la température du réseau de noyaux de carbone qui forme son épine dorsale. Il y a quelques semaines, l’institut de science et technologie japonais annonçait la faisabilité de nouveaux transistors au graphène, et cette semaine c'est une équipe de chercheurs de l’université de Nanyang à Singapour qui prennent les devants et annoncent la venue très prochaine d’un chérubin 10 fois plus sensible à la lumière que la plupart des capteurs qui équipent les appareils photo actuels. Ce photodétecteur à base de graphène produirait un effet photoélectrique de 8,61 A/W, sachant que les premiers capteurs du même matériau ne généraient que 10 mA/W. Le rendement des photodétecteurs de silicium, que l'on trouve dans nos appareils numériques, semble se situer aux alentours de 0,8 A/W.. le graphène a donc quelques arguments pour être surnommé super-CMOS. Les créateurs sont confiants et affirment que, conçu dans la lignée des transistors et capteurs CMOS traditionnels leur capteur est voué à une production en grande quantité sans grand investissement. Mais ils ont omis de préciser que le graphène reste très cher à produire...

D'autre part, la conductivité irrégulière et le manque d'homogénéité des surfaces en graphène crées jusqu’ici, posent encore de nombreux problèmes. Alors, attendant qu'un super-CMOS voie le jour, je crois que je vais investir dans un objectif « Nokoton », au diaphragme superlatif.