Je crois que ça a commencé il y a quelques années avec Siri, l'assistant personnel « intelligent » proposé par Apple sur son iPhone. Les concurrents lui ont emboîté le pas et aujourd'hui nous avons Cortana de Microsoft, l'assistant de Google et Viv de Samsung, qui ont tous leurs qualités et leurs défauts auxquels ils remédieront sans doute rapidement. Le concurrent le mieux placé est aussi le plus surprenant : c'est Alexa d'Amazon.

Implantée dans le « haut-parleur » Echo et ses déclinaisons Echo Dot et Tap, la très populaire et très futée Alexa est également associée à plus de 30 nouveaux produits présentés lors du dernier Consumer Electronics Show l'an dernier à Las Vegas. Elle vous obéit au doigt et à l'oeil : vous lui demandez de passer un disque d'Elvis, Alexa passe Elvis. En fait, c'est à vos commandes vocales qu'elle répond. Vous lui dites ce qu'elle doit faire, elle s'exécute.

Alexa doit son succès à son ouverture. Siri et Cortana étaient d'abord fermés, mais Alexa a été une plateforme ouverte dès le début, incitant les concepteurs à ajouter leurs fonctions. Par exemple la commande de pizza mains-libres ou le changement de couleur d'une LED. Google Assistant est ouvert aussi, puisqu'il autorise les actions de tiers. Bousculés par le succès d'Alexa, Microsoft et Apple ont à leur tour ménagé (récemment) un accès pour les concepteurs à Cortana et Siri.

Contrairement à Siri et Cortana, qui chargent la capacité de traitement de l'appareil sur lequel ils tournent, Alexa passe par les services en ligne d'Amazon pour le gros du travail, ce qui en fait un système de commande vocale universel pour toutes sortes d'applications. Alexa ne marche donc que si vous avez une connexion internet.

Alexa se met à l'écoute dès que vous prononcez le nom ‘Alexa’ (ou une autre commande initiale choisie par vous). Le système enregistre tout ce qu'il entend et envoie les données résultantes à un serveur qui les analyse et les interprète. Il les stocke aussi pour y revenir ultérieurement afin d'améliorer sa fonction de reconnaissance vocale. C'est le moment de s'interroger sur les implications de cette technique sur la vie privée de ses usagers dont les conversations sont enregistrées et envoyées dans le nuage. Entre quelles mains ces informations ne risquent-elles pas de tomber ?
 
Amazon déclare avoir déjà rejeté des demandes d'accès à ses bases de données. Les usagers peuvent effacer les enregistrements, mais, ce faisant, ils compromettraient les chances d'apprentissage de leur assistant. La plupart ne le feront donc pas.
Mattel (le fabricant de jouets, entre autres des poupées Barbie) propose Aristotle, une extension du système Alexa. Une seconde commande vocale d'initialisation (dites Aristotle) permet d'interagir avec des enfants : il ne se contente pas d'une capture audio, il envoie aussi vers un téléphone la vidéo capturée. 
Et vous, renoncerez-vous à votre vie privée pour pouvoir commander une pizza sans avoir à composer un numéro ? Ou rejoindrez-vous l'alliance pour un usage de la commande vocale respectueux de la vie privée (EWF Voice Privacy Alliance) ?