René Laennec aurait eu l'idée du stéthoscope en voyant des enfants jouer avec une poutre abandonnée dans une cour. Un des enfants grattait l'extrémité de la poutre, tandis que son compère, une oreille collée à l'autre extrémité, s'amusait du bruit transmis par le bois. Malin ou parce que sa femme tenait à ses poutres, Laennec reprit le principe non avec du bois, mais avec une feuille de papier roulée. Ça marcha et ça marche encore. Mais à une époque où Homo sapiens semble se confondre avec Allo sapiens, il fallait bien que quelqu'un cherche un moyen de téléphoner à nos organes pour leur demander de leurs nouvelles.

C'est fait. Enfin, presque fait. Une équipe de chercheurs de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne a mis au point un implant capable de transmettre par Bluetooth la présence de certaines substances ou leur concentration. Placé dans les tissus interstitiels d'un patient, cet implant de 14 mm de long possède cinq capteurs biologiques recouverts d'enzymes réagissant à des molécules spécifiques. L'implant est équipé d'un transmetteur radio et d'un système d'alimentation constitué d'une mini-bobine. Nul besoin donc d'ouvrir le patient en quatre pour changer les batteries, elles sont placées à même l'épiderme sur un patch. Le dixième de watt que consomme l'implant est alors transmis à travers la peau jusqu'à la mini-bobine. Les informations récoltées par le patch sont transmises par Bluetooth à un téléphone portable, puis au médecin traitant via le réseau traditionnel de téléphonie.

Les chercheurs espèrent que leur implant sera disponible sur le marché (pour ne pas dire dans l'Internet des Organes...) d'ici quatre ans. Ce mini-laboratoire devrait en particulier améliorer le suivi des patients sous médication lourde.

(Illustration : École Polytechnique Fédérale de Lausanne)