Qu'Amazon efface à distance, sans prévenir et sans en avoir le droit, une partie du contenu du lecteur électronique Kindle de certains de ses clients, c'est déjà un événement en soi.

Qu'en plus le patron d'Amazon s'excuse platement et publiquement auprès de ces mêmes clients, cela mérite décidément notre attention.

Ne serait-ce que parce qu'on constate, non sans amusement, que le contenu en cause, ce sont des copies, certes illégales selon Amazon, des deux justement fameux romans d'anticipation de l'écrivain américain George Orwell, et pas n'importe lesquels : 1984 et Animal Farm, célèbres pour avoir décrit il y a un demi-siècle les abus de Big Brother dont relèvent aujourd'hui ces pratiques pour le moins cavalières.
La farce ne s'arrête pas là. Ces copies réputées illégales avaient en fait été dûment achetées et payés par les clients sur le site... d'Amazon ! Il semble que ce soit un fournisseur sous-traitant d'Amazon qui les avait mises en vente sur Amazon.com sans en détenir les droits.

 

Dans ses excuses M. Jeff Bezos n'évoque aucun dédommagement, mais au vu de la judiciarisation extrême de la société étatsunienne, il n'est pas difficile d'imaginer que des avocats procéduriers ne vont pas négliger de tirer le maximum de ce faux-pas retentissant. Car l'intrusion même d'Amazon sur le lecteur de ses clients crée un précédent fâcheux... sans précédent, et fournira peut-être un motif de poursuite judiciaire retentissante. Quant à l'effacement des fichiers, comme le dit M. Bezos lui-même, il était « stupid, thoughtless, and painfully out of line with our principles. », c'est-à dire stupide, irréfléchi et en contradiction totale avec nos principes. À bon effaceur, salut !