Les ingénieurs du son et tous les amateurs de haute-fidélité ne connaissent que trop bien les problèmes liés à la fréquence de 50 Hz de la tension alternative du secteur. Dès qu'un appareil électrique est dans les parages, l'horrible ronron se pointe et leur brouille l'écoute. Au diable les beaux enregistrements, adieu la belle reproduction. Mais ceci n'est pas mon sujet ici. Je voulais plutôt vous parler d'une application à l'utilité inattendue que des experts de la police anglaise ont trouvée pour tirer parti de l'omniprésence de cette ondulation résiduelle.

 

Ceux qui lisent notre magazine [1] savent que la fréquence du secteur varie, légèrement, mais constamment. À l'heure du dîner, quand tout le monde allume son four en même temps, la demande en courant est plus forte que la production, du moins le temps que la régulation du réseau fasse son effet. Conséquence : la fréquence baisse. Plus tard, quand la consommation retombe subitement en fin de soirée, c'est l'inverse qui se produit.

 

Il y a une dizaine d'années, un spécialiste roumain avait compris que, pour une période donnée, cette instabilité de la fréquence du secteur forme un motif unique, une sorte d'empreinte. Récemment, des experts anglais, poussés par la nécessité croissante d'authentifier des enregistrements utilisés lors de procès, ont extrait le bruit du secteur d'un enregistrement pour le comparer aux échantillons conservés dans une banque de données répertoriant ce bruit sur les sept dernières années, et sont parvenus ainsi à dater précisément l'enregistrement et à « prouver son authenticité ».

 

Les magouilleurs ont donc du souci à se faire... mais les honnêtes gens malheureusement aussi... Ne risque-t-on pas, en effet, avec ce genre de techniques, de voir fleurir de fausses preuves difficilement réfutables soigneusement forgées par un esprit malveillant ? Qu'en pensez-vous (redaction@elektor.fr) ? Votre réaction pourra être publiée ici-même.