Si le titre de cet article vous choque, songez donc un instant aux applications possibles, pour les voyageurs par exemple et leurs communications mobiles dans des contrées inhospitalières, d'une petite pile à combustible alimentée par leur urine : pas de transport de carburant. Autre exemple : comme l'urine de tous les mammifères contient de l'urée, celle des bovins pourrait être utilisée pour produire de l'électricité pour éclairer les étables. Certes, les applications envisagées ne fonctionnent qu'avec une urine relativement concentrée et exempte de toute contamination par des produits chimiques. Il reste donc des progrès à faire pour récupérer la plus grande proportion possible d'urée. Pour cela, des essais doivent être menés en usine de traitement.


Une autre option intéressante serait d'utiliser des piles à combustible microbiennes pour produire de l'électricité à partir des boues des eaux usées (beurk). En plus, en décomposant la matière organique, ces dispositifs contribueraient au recyclage des eaux. Ils tirent profit de la présence de matières organiques, naturellement abondantes dans les eaux usées, notamment de bactéries. En « consommant cette nourriture », ces bactéries produisent des électrons qui normalement se combineraient avec l'oxygène. Mais dans une enceinte sans oxygène, ces électrons pourraient être captés par une électrode puis acheminés vers un circuit externe. Les protons, quant à eux, passent à travers une membrane qui divise la cellule électrolytique, et atteignent la cathode - où ils se combinent avec les électrons entrants du circuit externe, et à l'oxygène, pour former de l'eau pure.

Avec de telles piles à combustible microbiennes expérimentales, on a obtenu des densités de puissance jusqu'à 6,9 W par mètre carré de surface de l'électrode. Cela peut paraître insignifiant, mais à l'échelle des vastes usines de traitement des eaux usées, qui s'étendent sur des dizaines de milliers de mètres carrés, ça peut finir par faire une puissance respectable. Des essais sont en cours en usine pilote.


D'autres procédés apparentés sont à l'étude pour produire par exemple du combustible d'hydrogène au lieu d'électricité à partir d'eaux usées contenant des restes de moût de raisin, riche sucre et en éthanol. Il s'agit notamment de trouver pour les électrodes les matériaux qui donneront le meilleur rendement. Aujourd'hui, beaucoup d'énergie est dépensée pour le traitement des eaux usées. Un jour, des processus de transformation des déchets seront producteurs d'énergie.

Ni l'urine, ni ces déchets n'offriront jamais de réponse intégrale à nos besoins énergétiques, mais qui niera que la diversification des sources est souhaitable ?