Des dizaines de châles funèbres s'entassent chaque année aux pieds des éoliennes. La plupart de ces chauves-souris mortes reposent intactes dans leur linceul baleiné : les violentes différences de pression entourant les pales en mouvement ont déclenché une hémorragie interne.

L'état des autres cadavres ne fait aucun doute : mort par collision directe.

Pourquoi les chauves-souris n'évitent-elles pas les pales ? Après tout, une éolienne tourne moins vite qu'un ventilateur, même en plein été.

« Jusqu'ici tout va bien... », « Jusqu'ici tout va bien... », semble répondre leur système d'écholocation à mesure qu'elles approchent du danger. Et pourtant une chauve-souris est capable de vous ficher un moustique quasi-instantanément : taille de la bestiole, distance, azimut, élévation, vitesse, et même fréquence de battements de ses ailes. Alors ? Alors soyons clairs, l'affaire reste obscure. Nul ne sait pourquoi la chauve-souris peut détecter un moustique et pas une pale de 15 m.

Les hommes ont parfois l'air de pisser contre l'arbre dont ils descendent, mais savent aussi se montrer reconnaissants ou humbles vis-à-vis de la nature. Pendant que certains cherchent des moyens techniques pour enrayer cette sorte d'hécatombe routière (décourager les chauves-souris à l'aide de signaux sonores ou lumineux, ou encore les empêcher de gîter dans les nacelles), d'autres font de la chauve-souris leur muse technologique. Les Allemands viennent par exemple d'allouer 1,75 millions d'euros à un groupe de recherche chargé d'étudier les systèmes communicants des chauves-souris. L'objectif est de concevoir des réseaux de capteurs intelligents et adaptatifs, puis de leur trouver des applications dans les domaines du génie électrique, de l'informatique et de la biologie comportementale.

Vous aimeriez contribuer à résoudre le mystère des éoliennes tueuses ? Commencez par un détecteur simple de chauves-souris (vivantes).