Rastapoulos le convoitait pour reproduire des oeuvres d'art volées. Les membres du vaisseau Enterprise l'utilisaient pour matérialiser un petit café bien chaud après s'être téléportés sur des planètes un peu frisquettes pour la saison. Le photocopieur tridimensionnel du professeur Tournesol et le réplicateur de Star Trek sont devenus en quelques décennies aussi réels que les objets qu'ils reproduisent. Le plus étonnant est sans doute qu'il soit aussi devenu possible de

fabriquer soi-même une imprimante 3D. Certes les objets qui sortent de ces imprimantes bricolées ont parfois le charme maladroit d'un collier de nouilles peintes pour la fête des mères, mais certains électroniciens parviennent à fabriquer avec elles des transistors utilisables.

Signe d'immaturité ou de richesse, l'exploration est en ce domaine très broussailleuse. Outre les classiques résines époxydes ou poudres métalliques utilisées pour déposer couche par couche le matériau à durcir ou à fritter, certains expérimentateurs remplissent les buses de leurs imprimantes 3D avec du chocolat et même... du fromage en spray.

Le concepteur Markus Kayser a laissé sa rêverie déambuler sur des chemins plus verts. Parti dans le désert avec son imprimante maison, il a demandé au soleil de lui dessiner un mouton de sable : plutôt qu'un rayon laser, c'est une lentille de Fresnel qui concentre les rayons solaires sur les grains de silicium et réalise leur frittage couche par couche. Solar Sinter, c'est son nom, est alimentée par des panneaux solaires photovoltaïques et guidée par le programme ReplicatorG à code source ouvert. Solar Sinter, c'est aussi le nom de la vidéo un brin poétique qui montre cette improbable imprimante perdue au mileu du Sahara.