Ishin-Den-Shin pour « communication non verbale » ou « télépathie » en japonais - merci Google Traductions !) est un système de transmission de la parole par l’épiderme. Le dispositif, encore largement expérimental, se présente comme suit : une personne parle dans un micro à corps métallique qu’elle tient entre ses mains (ces détails sont importants !). Le signal enregistré est mis en boucle par un ordinateur, amplifié et filtré, puis réinjecté par l’intermédiaire d’un fil métallique dans le corps métallique du micro et donc aussi dans la peau de la personne qui tient le micro. En posant son doigt sur l’oreille de son interlocuteur, cette personne (qui a parlé mais se tait maintenant !) fait entendre son message à un tiers par transmission épidermique. Ce qui est spectaculaire (mais pas bien mystérieux), c’est que le signal ainsi relayé peut passer par plusieurs personnes (trois au plus à ce stade des recherches) qui se donnent la main pour former une chaîne.

 

Tout électronicien sait que l’épiderme conduit l’électricité et que son corps se comporte comme un (petit) condensateur. Nous utilisons souvent ces propriétés électriques de la peau pour tester des circuits récalcitrants (tout comme l’a fait longtemps la justice américaine pour amener à résipiscence ses citoyens récalcitrants). Le doigt posé ici ou là sur un circuit facilite le diagnostic. Certains adeptes de la musique électronique en ont fait depuis longtemps une pratique instrumentale, en manipulant à mains nues les circuits oscillants pour moduler le son. L’expression circuit bending circulait déjà à ce sujet dans les années 60, mais le principe est connu depuis la nuit des temps de l’électricité. Si nous parlons ici de ces travaux du laboratoire Disney, ce n’est donc pas tant pour leur caractère supposé innovateur, mais parce qu’ils ont été remarqués au récent festival Ars Electronica de Linz dont chaque édition suscite l’attention de cette rubrique.

 

En résumé, le son de la voix, transformé en signal électrique de forte amplitude mais de faible intensité, module le champ électrostatique à la surface de la peau. Au bout de la chaîne, le doigt et l’oreille qu’il touche forment ensemble un haut-parleur dont la membrane n’est autre que le tympan.

 

Le vieux rêve de la haute-fidélité de se passer de haut-parleur serait-il enfin réalisé grâce à Mickey ?