Fourberie, coups de théâtre, meurtre, amour déçu, mystère et gros pinard, le feuilleton désormais centenaire de la supraconduction aura eu son lot d'épisodes agités. Tout commence en 1911 par une traîtrise, lorsque K. Onnes prend à son compte la découverte de la supraconduction, oubliant sans scrupules de citer le nom de son assistant Gilles Holst, qui pourtant en fut le premier observateur.

Cent ans plus tard, un étudiant traumatisé par une rupture amoureuse oublie de préparer les échantillons à base de tellurures de fer que lui avait demandés son professeur, Y. Takano, le découvreur de ces nouveaux supraconducteurs à haute température critique. L'étudiant lui apporte donc un vieil échantillon, oublié à l'air libre pendant des semaines.

Surprise, le matériau a priori ranci exhibe une fraîcheur supraconductrice remarquable. Takano suspecte l'action de l'eau et de l'oxygène, et se demande quelles autres substances pourraient avoir les mêmes effets stimulateurs.

Que la muse de Takano portât une grosse moustache et s'appelât Bacchus ou pas, toujours est-il que l'équipe entreprit alors d'imbiber ses supraconducteurs de diverses solutions alcoolisées, dont bières, vins blancs et rouges, whiskys, saké, shôchû (une eau-de-vie nippone)...

Après quelques tournées générales et de nombreuses mesures de résistances, la palme de l'alcool le plus bénéfique pour la supraconduction revint au Beaujolais. L'annonce avait fait grand bruit l'an dernier, et nos chercheurs auraient pu se contenter de fêter un probable Ig Nobel de physique avec leurs fonds de bouteilles, mais le mystère de ce Beaujolais qui aide les électrons à avancer sans se cogner partout était trop excitant pour ne pas tenter de le percer. Voilà en partie chose faite puisque l'acide tartrique a finalement été identifié comme composé-clé. Il reste néanmoins beaucoup de questions sans réponse, la plus intrigante étant sans doute pourquoi la transition supraconductrice est favorisée par la présence de liquides alcoolisés.