Pete travaille dans l'industrie électronique depuis près de 16 ans, à la fois dans les secteurs de la distribution et de la fabrication de matériel. Il est depuis 2 ans responsable chez RS de la communauté DesignSpark. Portrait kaléidoscopique de Pete : passionné de technologie, geek déclaré, amateur de jeux sur PC, adepte de VTT, surfeur de fraîche date, fana de Raspberry Pi et organisateur des rencontres Oxford Raspberry Jam.
Nous l'avons interrogé sur les rapports entre le développement d'Internet et celui de la communauté des électroniciens.

 

Jaime - Comment présenteriez-vous la communauté DesignSpark et ses outils gratuits à quelqu'un qui ne la connaît pas, ne l'a pas encore essayée, ou en a « peur » ?

 

Pete - DesignSpark est une porte d'entrée vers des ressources en ligne et des aides à la conception. Nous allons fêter notre troisième anniversaire entourés d'une communauté qui compte désormais quelque 130 000 membres. N'importe qui peut rejoindre DesignSpark et bénéficier d'excellents outils gratuits et de ressources pour la conception des circuits, y compris de notre logiciel de dessin maintes fois récompensé. Nous proposons du contenu sur les technologies de pointe, un forum où chacun peut discuter avec les autres membres, et nous avons maintenant une nouvelle section appelée DesignShare qui encourage l'open source et permet à la communauté de partager, télécharger, ou collaborer à des projets open source d'électronique.

 

J. - Un scoop pour cette année ? Une nouvelle fonction de DesignSpark PCB que vous pourriez nous dévoiler ? Sans risquer votre place bien sûr !

 

P. - Nous publierons la version 6 de DesignSpark PCB en octobre, attendez-vous à des nouvelles fonctions plus qu'intéressantes ! Nous travaillons également d'arrache-pied sur un nouvel outil de conception novateur qui complètera DesignSpark PCB. Son lancement est prévu en septembre, donc affaire à suivre !

 

J. - Les nouveaux outils dits sociaux permettent aux développeurs de rester en contact entre eux et de s'entraider. D'après-vous, comment ces interactions affectent-elles la communauté des électroniciens ?

 

P. - Internet a donné accès à des réseaux sociaux qui permettent à chacun de collaborer avec des personnes possédant les mêmes affinités, où qu'elles se trouvent. Nous ne sommes plus limités aux contacts entre amis et collègues, nous pouvons rencontrer des nouvelles personnes de façon virtuelle, partager et bénéficier de leurs connaissances et de leurs compétences.

 

J. - Avec les outils de développement gratuits, les matériels et les logiciels open source, et aussi avec la disponibilité à l'échelle mondiale de la plupart des composants, nous pouvons dire que l'électronique fait désormais partie de la culture populaire. Révolution, ou évolution naturelle ?

 

P. - Je pense que l'accès à des outils de développement gratuits offre à chacun la possibilité de se montrer créatif et de se lancer dans la conception. Je suis un fervent partisan du partage des connaissances, et je suis convaincu de l'intérêt qu'il y a à lever autant de barrières que possible pour que chacun, en particulier les étudiants en ingénierie et ceux qui travaillent dans les petites et moyennes structures, puisse franchir la porte de notre industrie. Je crois donc au mouvement open source ; pourquoi réinventer la roue et perdre des heures de développement sur la conception d'un circuit, d'un composant ou d'un bloc de code générique sur lesquels d'autres ont déjà planché de nombreuses fois ? Partage et collaboration sont des concepts qui nous aident tous, et qui à mes yeux accélèrent l'évolution la technologie.

 

J. - Que vous suggère cette affirmation : « Internet a changé les règles du jeu » ?

 

P. - Lorsque j'ai démarré dans l'électronique, à la fin des années 90, Internet en était encore à ses débuts. J'avais un poste de commercial, et mes seuls arguments de vente étaient les fiches techniques et les échantillons que je fournissais aux clients. L'arrivée d'Internet a changé la façon dont nous acquérons les connaissances, et a même mis toute la connaissance du monde à portée de clic. Dans un monde connecté, la connaissance est reine ! Ceux qui offrent le contenu le plus à jour, le plus unique et le plus pertinent, deviennent plus visibles que leurs concurrents et sont considérés comme une ressource précieuse.

 

J. - A ses débuts, le mouvement open source a été perçu par une certaine partie de l'industrie comme étant « diabolique » et catastrophique. Toutes les entreprises se sont-elles adaptées à cette nouvelle façon de penser ?

 

P. - Je crois que la raison de cette peur vient d'une mauvaise compréhension de l'open source. La protection de la propriété intellectuelle est fonction des circonstances, elle dépend vraiment du modèle économique de l'entreprise. Même les grandes entreprises utilisent, partagent et tirent profit des matériels open source, par exemple pour mieux gérer leurs ressources techniques, ou encore pour réduire les délais de mise sur le marché.