« Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera ». Si depuis cette prophétie de Napoléon Ier le monde n'a pas tremblé, celui de l'électronique s'est souvent détraqué, cassé, court-circuité, voire cramé quelques poils à cause de composants... « Copied in China ». Même l'armée américaine, qui pourtant n'achète pas des pistolets à eau à la première Foirefouille du coin, a révélé dans un rapport récent qu'au moins 1800 composants chinois contrefaits avaient été détectés dans des équipements de vision nocturne ou de communication.

Lorsque l'armée ou l'aérospatiale se tournent vers un distributeur pour remplacer un composant obsolète, ce distributeur doit être certain que le composant qu'il fournira à son client est authentique. Paperasse, inspection visuelle ou test de fiabilité ne suffisent plus, les méthodes de contrefaçon sont devenues si proches de la photocopieuse idéale que le distributeur doit maintenant sortir son microscope électronique à 250.000 $ pour voir s'il a affaire à du toc ou du vrai.

Altera, le fabricant de composants reprogrammables, et SMT Corporation, un distributeur américain, testent actuellement sur les boîtiers une technique déjà éprouvée et développée par la société Applied DNA Sciences, le marquage par ADN : la séquence d'un génome végétal est d'abord codée à l'aide d'une technique propriétaire (= planquée dans une armoire fermée à clé), de l'ADN est ensuite synthétisé pour reproduire ce code, puis le résultat est mélangé à une encre qui servira à marquer le boîtier. Une lampe UV suffit à révéler sa présence, et un prélèvement à garantir son authenticité. Cette estampille infalsifiable n'empêche toutefois pas toujours la coûteuse inspection des éléments de la puce, d'où des recherches en cours pour insérer cet ADN à même la galette de silicium, au moment de l'assemblage de la puce.