D’un point de vue énergétique, le soleil brille par son absence : sur les 12 milliards de tonnes d'équivalent pétrole produits chaque l'année par l'homme, soit 140 000 milliards de kWh, seuls 0,1% proviennent de l'énergie solaire. Le soleil déverse pourtant chaque année sur Terre plus de 4600 fois l'équivalent de la production d'énergie primaire mondiale annuelle. Et a priori tout le monde peut se servir au robinet, pour ne pas dire à la douche. Alors d'où vient cette éclipse du soleil ? De son coût d'exploitation : le watt produit par panneau solaire reste pour l'instant le moins compétitif des watts.

Matt Bellue et Ben Cooper ont donc cherché un moyen d'exploiter le soleil à moindre frais. Leur solution : un moteur à essence, modifié à la Tournesol bien sûr. Le cylindre de leur moteur à deux temps ne reçoit plus un mélange combustible mais de l'huile chauffée à l'aide d'un capteur solaire parabolique. Plus d'étincelle non plus ici, mais une injection de micro-gouttelettes d'eau. Cette eau liquide se transforme instantanément en vapeur au contact de l'huile bouillante, et l'augmentation de volume et de pression qui en résulte déplace le piston. Huile et vapeur sont ensuite séparées et récupérées. Reliez une génératrice à ce moteur qui fonctionne donc en cycle fermé, et vous avez un moteur qui n'a besoin que de soleil pour produire de l'électricité. Si le rendement obtenu n'est pour l'instant que de 15 %, le prix de revient de ce watt photo-oléo-électrique est quatre fois inférieur à celui obtenu par panneau solaire. Le principe de ce moteur, baptisé HydroICE (Hydro Internal Clean Energy), fait irrésistiblement penser à un moteur Stirling, mais sa conception mécanique n'en a ni la coûteuse complexité quasi-horlogère, ni la dangerosité potentielle, puisque la vapeur est produite à l'intérieur du cylindre. Les arguments techniques des deux ingénieurs ont été suffisamment solides pour convaincre deux universités américaines de s'associer à leur projet, espérons qu’il trouvera également sa place au soleil.