Les ordinateurs biologiques sont à la presse technique ce que le monstre du Loch Ness était autrefois à la presse à scandales. On en parle, on en a vu l'un la queue, l'autre la tête, les revues scientifiques publient des communiqués de chercheurs, mais pour l’instant aucune de ces communications n’a conduit à faire sortir des laboratoires un quelconque produit industrialisable ; et il pourrait bien en être de même avec celle dont il est question ici. Qu’importe, cela fait du bien de rêver…

 

Trois scientifiques, George Church, de la Harvard Medical School, Yuan Gao, de l’Institut Wyss pour l’ingénierie bio-inspirée, et Sriram Kosuri, de l’Université Johns Hopkins, viennent de présenter la première mémoire de masse biologique à forte capacité. Ils ont en effet réussi à stocker 5,3 Mbits d’information sur de petits fragments d’ADN ce qui, compte tenu des quantités utilisées, équivaut à une capacité de mémorisation d’environ 700 To de données par gramme d’ADN.

 

Le système fonctionne, malgré quelques erreurs de « lecture » qui y ont été décelées, à raison de 10 bits environ sur les quelque 5 Mb stockés. Un bilan d'autant plus acceptable que ces erreurs pourront être facilement corrigées avec une simple redondance. De l’ADN monté en RAID en quelque sorte !

 

Ne vous attendez pas à pouvoir remplacer vos disques durs par des petits fragments d’ADN en boîte d'ici l’année prochaine, car le procédé, tant de lecture que d’écriture, est beaucoup trop lent pour envisager une utilisation en tant que disque dur conventionnel. Néanmoins, eu égard à la très grande capacité offerte, cette découverte pourrait éventuellement être utilisée pour de l’archivage… si bien sûr elle sort un jour des laboratoires où elle est née.