Lancée en 1999 et prévue pour 2003, l’étude baptisée Interphone n'a été rendue publique que récemment. Ces atermoiements ne sont pas étonnants quand on sait qu'il s'agit de conclusions d'études sur la nocivité, réelle ou supposée, des téléphones mobiles.

Et ces conclusions sont … que l’on ne peut pas conclure et qu’il faudra d’autres études ! Cette absence de résultat est d’autant plus décevante que l’on n’avait pas lésiné sur les moyens, en suivant plusieurs milliers de patients, dans treize pays différents, certains atteints de deux formes distinctes de tumeurs au cerveau, d’autres de tumeurs du nerfs auditif.

Une leçon objective de cette étude est l'absence, en-dessous d’un seuil fixé approximativement à une demi-heure par jour, d'incidence constatée entre usage du téléphone et taux de cancers. Au-delà de ce seuil plutôt bas pour beaucoup d'usagers du téléphone portable, les résultats sont variables et si, dans certains pays, ils semblent montrer une augmentation du risque de près de 40 % de tumeur cérébrale lié à un usage intensif, dans d’autres pays, le résultat est tout simplement inversé. Si l’on en croit  ces chiffres et qu'on en tire les conclusions imposées par la logique, l’utilisation intensive du portable protégerait-elle donc du cancer ?

Les auteurs de l’étude expliquent ces incertitudes par le fait que l’évaluation de la durée de l’utilisation du téléphone ne reposait que sur la déclaration des usagers dont la précision est évidemment sujette à caution.

Par ailleurs, comme le font remarquer les associations de consommateurs, cette étude a non seulement été réalisée avant la pénétration massive de téléphones mobiles que nous connaissons aujourd’hui, mais elle ne s'est pas (assez) interessée aux jeunes qui sont pourtant les utilisateurs les plus assidus.

Deux nouvelles études viennent donc de prendre le relais, Cosmos d’une part qui suit 250 000 volontaires de pays du Nord de l’Europe (la France n’en fait pas partie) et Mobikids, orientée, comme son nom l'indique, vers les jeunes de 10 à 24 ans.

Souhaitons que leurs conclusions permettent … de conclure, avant peut-être que nous ayons tous le cerveau transformé en gruyère.