Depuis combien de temps n'a-t-il plus été question ici de la loi de Moore ? Tel le monstre du Loch Ness, le sujet réapparaît périodiquement. La dernière fois, c'était en mai 2011. Vous n'ignorez pas que la loi de Moore, énoncée en 1965 par Gordon Moore, ingénieur chez Fairchild puis cofondateur d'Intel, puis révisée en 1975, dit que le nombre de transistors intégrés sur une puce de silicium doublait tous les deux ans. Il ne s'agit aucunement, bien sûr, d’une loi physique, mais d'une extrapolation empirique, bien pensée cependant, puisqu'elle a toujours été vérifiée jusqu’à aujourd’hui.

Des chercheurs de l’université Purdue dans l'Indiana (États-Unis) viennent de lui donner subitement un sérieux coup de vieux, en fabriquant un transistor constitué d’un seul atome, en l’occurrence un atome de phosphore intégré dans une matrice de silicium. Cela représente la limite physique finale de l’intégration au sens où nous la connaissons, puisque l’atome est la plus petite partie de la matière. Si l'on considère les conséquences possibles de cette découverte sur l'intégration et si la loi de Moore devait continuer d'être vérifiée, il aurait fallu que ce saut de puce ne soit fait qu'en 2020.

En fait, huit ans ne seront pas de trop pour espérer en tirer un bénéfice réel, car pour l'instant, si le transistor à un seul atome fonctionne, ce n’est hélas que dans des conditions extrêmes puisqu’il doit travailler à -235 °C et que son industrialisation, si elle est un jour possible, n’est pas envisagée avant quinze ou vingt ans.