Puissant quand il forgeait la foudre de Zeus ou délicat lorsqu'il façonna Pandore dans l'argile, Hephaïstos le dieu boiteux était un ouvrier habile. Évidemment, ce type travaillait clairement dans le jus de boudin d'un point de vue technique : prenez son trône d'or par exemple. Quiconque s'asseyait dessus était emprisonné par des bras articulés, et le mécanisme était si bien conçu que les dieux eux-mêmes ne pouvaient délivrer son prisonnier. Comment cela marchait-il ? Mystère et jus de boudin.

L'électronique a désormais son trône d'or, mais ses Hephaïstos, de Harvard et du MIT, n'ont utilisé que la magie du vivant : le treillis tridimensionnel de nanofils de silicium qu'ils ont conçu est capable d'emprisonner des cellules vivantes et de capter leurs signaux. Les nanofils sont d'abord assemblés pour former des transistors à effet de champ, les FET étant ensuite mis en solution avant d'être versés sur une résine photosensible. La première couche du treillis est dessinée par photolithographie, puis des contacts métalliques y sont ajoutés. La deuxième couche est construite de la même façon, la résine étant dissoute une fois le treillis entièrement étagé. Neurones ou cardiomyocytes, les cellules mises au contact de ce cytosquelette électronique (appelé nanoES) s'y agrippent comme le nourrisson au téton, et interagissent avec le capteur comme s'il faisait partie de la famille.

Parfaite harmonie entre le monde du vivant et du silicium, ce premier morceau de cyborg, même s'il n'est qu'universitaire, devrait rapidement permettre à l'industrie pharmaceutique de tester des molécules dans un environnement cellulaire réaliste.