Le concept de substitution sensorielle a été décrit dès les années 60 par le docteur Paul Bach y Rita. Récemment, grâce à la société BrainPort Technology, il a reçu une première application pratique permettant à un aveugle, non pas de recouvrer la vue, mais au moins de distinguer les éléments majeurs de son environnement.

Le dispositif est relativement simple dans son principe et, pour une fois, ce n’est pas l’électronique qui fait seule tout le travail mais bien son association avec les prodigieuses ressources du cerveau humain.

Le BrainPort est en effet constitué d’une caméra, montée sur une paire de lunettes, qui transmet ses informations à un boîtier chargé de les convertir en impulsions électriques envoyées vers une « sucette », comportant de 100 à 600 électrodes selon les modèles. Si l'on parle de sucette, c'est parce que le sujet mal-voyant doit la placer sur sa langue !

 

Après une phase d’apprentissage, il devient capable de reconnaître les images filmées par la caméra grâce aux stimuli sur sa langue. La résolution est certes faible puisque le BrainPort traduit un signal fortement lumineux en une forte impulsion tandis qu’une zone sombre sera reproduite par une absence d’impulsion, avec entre les deux un nombre limité de gradations correspondant aux différents niveaux de gris.

 

Un des expérimentateurs de ce système, le caporal anglais Craig Lundberg qui a perdu la vue en Irak, vient de faire la une des média. Selon ses dires, le BrainPort lui permet d’appréhender son environnement, de croiser des gens dans un couloir sans les heurter, de saisir des objets sans tâtonner et que cela a réellement changé sa vie. Néanmoins, l’amélioration apportée est encore insuffisante aujourd’hui pour que cela lui permette de se passer de son fidèle chien d’aveugle.