D'un côté il y avait un poisson et un sac à dos. De l'autre il y avait l'âge de Schwarzenegger. De quoi hésiter.
La rumeur avait soudain enflé en début d'année : les blouses blanches du laboratoire Google X mijoteraient dans leurs cornues numériques des lunettes à réalité augmentée, capables de reconnaître l'environnement de leur porteur, de prendre des vidéos, de les partager, de recevoir des messages, d'accéder par reconnaissance vocale à des services comme Google Maps et même, accrochez-vous à vos branches, de donner la météo simplement en regardant le ciel.
Google rendit finalement public son Project Glass début avril. Oui, avril, la saison des gros poissons. De quoi douter encore, donc, d'autant que la page du projet était plutôt avare de détails. Puis circula la photo de Sergueï Brin, le co-fondateur de Google. Sur le cliché il portait bien les mystérieuses lunettes mais aussi... un sac à dos. Comment d'aussi fines lunettes pouvaient-elles prétendre à l'autonomie ? Comment pouvaient-elles embarquer la puissance de calcul nécessaire à tout ce qu'on leur prêtait comme fonctions ? Seule explication technique possible, tout était dans le sac à dos.
Oui mais voilà, si le côté oeil de cyborg laissait toujours sceptique, il n'en restait pas moins que Terminator datait de plus de 30 ans, que depuis ce temps-là même les ouvre-boîtes avaient fait des progrès, et que le XXIe siècle pouvait donc produire ce genre de lunettes. Une vidéo montrant S. Thrun, de Google X, confirme aujourd'hui la réalité et l'avancement du projet, puisqu'on le voit prendre en photo son interlocuteur d'un simple mouvement de tête. Rien toutefois sur les dessous techniques.
Vision d'avenir insupportable ou excitante, à vous de juger, mais quel que soit leur devenir, ces lunettes semblent une avancée de plus vers l'informatique portable, celle que Thad Starner, du MIT, définissait il y a 20 ans comme « l'informatique pouvant être portée sur soi, capable d'interagir avec l'utilisateur en continu et de l'assister », et dont les téléphones tactiles ne seraient que les gros sabots.