Visionner l'équivalent en films HD des données créées et répliquées au cours de l'année 2011, soit près de 2000 milliards de gigaoctets, vous prendrait un après-midi de 45 millions d'années. Vertigineux, mais au fait, parmi ce geyser d'octets, combien auront été perdus ?
Car il y a forcément une fuite quelque part : quels que soient les chiffres claironnés par les fabricants, la durée de vie des supports de stockage, qu'il s'agisse de DVD, de disques durs ou autres clés USB, ne dépasse pas cinq à dix ans en moyenne. Création française des années 80, le Century Disc, disque en verre trempé dépourvu de couches organiques, permettait en théorie une conservation séculaire des données, mais les promesses de ce support ont vite été étouffées par les multiples rachats de sa société d'origine. Pour l'anecdote, la Nasa aurait utilisé un Century Disc pour envoyer dans l'espace un coucou à l'attention d'éventuels extra-terrestres lettrés.


La seule solution actuelle semble être le M-Disc de Millenniata, un disque dont la couche de gravure est constituée d'un alliage inorganique « comparable à la pierre », dixit la formule elliptique du fabricant. D'une capacité de 4,7 Go, ce DVD résisterait aux manipulations les plus barbares et pourrait conserver des données plus de mille ans. La gravure des cuvettes (pits) de la couche inorganique nécessite un burin adapté, c'est-à-dire un laser de plus forte puissance que ceux des graveurs ordinaires. Si un graveur adapté est donc indispensable pour l'écriture, le M-Disc peut toutefois être lu par n'importe quel lecteur de DVD ou de Blu-ray.