Selon des prévisions démographiques de l’INSEE, on estime que près de 1,3 millions de personnes seront atteintes d’Alzheimer en France d’ici 2020, soit une personne de plus de 65 ans sur 4. Cette proportion alarmante est une aubaine pour essayer de nous faire croire que l’électronique pourrait jouer un rôle significatif dans la résolution de ce problème de grande envergure. Témoin le communiqué de presse que nous recevons au sujet du « premier boîtier de localisation pour les personnes dépendantes ». Le bien-nommé Papytel est un petit boîtier à porter autour du cou ou dans la poche. Selon la pub, il « garantira la tranquillité et dissipera vos inquiétudes » puisqu’il permet aux personnes âgées de recevoir vos appels à tout moment. Quelque soit l’endroit où se trouve la personne, sa famille a la possibilité de connaître sa position géographique. C’est toujours mieux que rien, certes, mais on est en droit de se demander en quoi cela contribuera de façon significative à résoudre le problème de société que posera la maladie d’Alzheimer. On peut même se demander si le caractère illusoire de tels remèdes automatisés n'est pas pire que le mal. 

 

Grâce à un bouton SOS (sauvez nos âmes, en anglais !), la personne âgée pourra déclencher une alerte à l’attention de sa famille, qui, informée par SMS, pourra à son tour rappeler le Papytel puisque celui-ci permet de recevoir des appels téléphoniques. En consultant l’historique des positions géographiques du Papytel grâce à une connexion à l’internet et un abonnement aux services correspondants, on pourra connaître le parcours de la personne dépendante et suivre en temps réel ses déplacements. Avec ça, Alzheimer n’a qu’à bien se tenir !
Mais ce n’est pas tout, car Car Telematics, la société qui vend le service Papytel, annonce triomphalement qu'elle s’associe à un expert spécialisé dans le domaine de la télé-assistance médicalisée, et que par conséquent, grâce au dossier médical complet dont elles disposeront, les équipes médicales de cette société pourront répondre très rapidement aux problèmes du patient, en lui apportant une aide médicalisée, personnalisée et rapide. 
Le fin mot de l'histoire : La famille n’a décidément plus à s’occuper de rien. Littéralement de rien, ni de personne d'ailleurs.

Votre avis nous intéresse : Pensez-vous que l'électronique puisse se substituer aux relations entre les personnes ? Envoyez-nous vos réflexions, nous les publierons ici.

 

VOS RÉACTIONS

 

Il est bien évident qu'un système GPS pour localiser une personne atteinte d'Alzheimer n'a qu'un but commercial. En effet, dans cette pathologie, il n'y a pas que le symptôme de désorientation (dans le temps et dans l'espace) Il y a aussi l'amnésie qui est progressive et, à un certain stade, (imprévisible) le malade peut très bien se perdre et manger des feuilles de n'importe quelle plante ou un objet qui est à portée de sa main. Il est donc illusoire et grave de gérer cette pathologie avec un gadget électronique et seule une surveillance permanente, soit par des proches, soit dans le cadre d'une maison de retraite spécialisée doit-être envisagée.

Autrefois, les malades atteints de cette pathologie étaient hospitalisés uniquement en psychiatrie (avec un personnel formé pour) et c'était remboursé par la sécurité sociale. Mais les caisses d'assurance ont été déterminantes pour que ces malades soient hospitalisés dans des maisons de retraite où le prix de journée est payé par la famille ou les biens de la personne et n'est donc plus supporté par les caisses.

Quant au système GPS qui bien sûr n'est pas justifié, il est sûr que certains lobbies commerciaux vont l'exploiter en jouant sur l'émotion des gens, par exemple : "Si vous aimez vos proches, achetez notre produit", alors que ce serait plutôt les abandonner  que de ne faire confiance qu'à ce gadget qui va tout de même rapporter des sommes considérables car les clients seront fidélisés par un abonnement (peut-être plusieurs dizaines d'euros par mois multipliés par un million de personnes). Donc un marché très juteux qui ne servira qu'à détruire le lien social familial et à nous infantiliser, soit vous n'êtes pas capable de surveiller vos vieux alors on va le faire à votre place moyennant un petit prélèvement mensuel. 

Dans certains pays, une société vend des chaussures GPS pour que les parents surveillent leurs enfants. En fait, ce qui est grave, c’est que l’on banalise ce genre de chose. On pourrait aussi établir des analogies avec certains paramètres gérés par ordinateur dans les véhicules automobiles mais c’est un autre débat.

Jacques C.