Même posé comme une mouchette sur un baba au rhum, le petit robot Philae nous fait rêver sur sa comète. Une belle occasion de réfléchir à l'électronique dans l'espace...

À l'inverse des êtres vivants organiques, l'électronique n'a pas besoin d'eau, d'oxygène, de nourriture ni de sommeil pour fonctionner. Cette apparente supériorité ne la place toutefois pas à l'abri de quelques défis de taille pour les voyages spatiaux. On pense d'abord à l'approvisionnement en électricité, assuré par des batteries solaires. Comme Philae nous l'a rappelé, il suffit parfois d'un peu d'ombre pour gâcher le tableau.
La thermorégulation ensuite, est à repenser complètement. Sans atmosphère, les faces exposées au soleil chauffent à blanc, tandis qu'à l'ombre, elles gèlent. Sans gravité, pas de convection non plus. En effet, les fluides n'ont aucun poids, qu'ils soient chauds ou froids !
Après le coup de l'omelette norvégienne, l'espace nous sert aussi des poulets rôtis. Le vent solaire n'a rien d'une bise printanière. Le magnétisme de la Terre nous en protège mais dès que nous franchissons les ceintures de Van Allen (700 km), nous sommes exposés à ce rayonnement ionisant. À faible dose, il induit un bruit électronique qui peut perturber les calculs, mais rapidement, on constate des dégâts irréversibles, surtout dans les semi-conducteurs.
Indépendamment du soleil, les sondes Pioneer et Voyager qui ont approché Jupiter et Saturne nous ont montré que ces planètes géantes produisent un champ électromagnétique tellement puissant qu'il déforme leurs propres lunes.
Heureusement, il existe des techniques de « durcissement » pour protéger les composants. On durcit l'isolant, grâce à un blindage supplémentaire, et pour l'intérieur, on privilégie des substrats à large bande interdite, qui résistent mieux aux radiations. En complément, on durcit aussi la logique. On multiplie par trois les éléments vitaux et on soumet chaque opération à un vote afin d'assurer la fiabilité de l'ensemble.

Quant aux sondes qui ont résisté à Jupiter, il faut avouer que c'est en partie grâce à leur ancienneté. Les microprocesseurs actuels sont nettement plus fragiles. Autrement dit, la loi de Moore n'inclut pas la garantie !

Laï laï laï laï laï, laï laï laï laï, laï laï laï laï {bis}

Oh oh, oh oh {bis}