Guadeloupe, Martinique, Réunion... plusieurs régions françaises sont à des kilomètres de rallonge du réseau électrique continental et ne bénéficient donc pas des avantages de l'interconnexion électrique européenne. Comment satisfaire les clients pris d'une soudaine fringale électrique s'il n'est pas possible d'importer l'électricité ?

Le problème est corsé, la solution sera peut-être corse : la plateforme MYRTE (Mission hYdrogène Renouvelable pour l'inTégration au réseau Electrique), inaugurée en janvier dernier dans le maquis d'Ajaccio, permet d'absorber les crêtes de consommation grâce à l'introduction d'énergie renouvelable dans le réseau. L'injection se fait en temps voulu et à doses de cheval (jusqu'à 20%). L'électricité est produite par 3 700 m² de panneaux solaires. Elle peut alors soit être injectée dans le réseau par l'intermédiaire d'onduleurs, soit alimenter un électrolyseur qui sépare l'eau en hydrogène et en oxygène.

Stockés sous pression, ces deux composants peuvent ensuite être appelés à la demande pour faire fonctionner une pile à combustible. La pile pédale pour ainsi dire à l'envers de l'électrolyseur, c'est-à-dire qu'elle refait ce qui avait été défait : la synthèse de l'eau. La dissociation de l'eau consommait des électrons, la synthèse en libère, et des Corses malins les récupèrent. La pile en service fait actuellement 100 kW. Une seconde viendra doubler la puissance de la plateforme.

Le rendement en électricité de l'installation est de 40 %. Il monte fièrement à 70 % si la réutilisation de la chaleur dégagée par l'électrolyseur et la pile est prise en compte.

Ironie dans le calendrier du projet, la réalisation de Myrte a été retardée de deux ans, en partie par la présence sur le site d'espèces protégées de... tortues.