Dans le monde des supercalculateurs, l'abus de superlatifs finit par nous empêcher d'appréhender correctement les puissances mises en jeu. Cela ne risque pas de s’améliorer avec le nouveau monstrueux bébé d’IBM qui a pour nom de baptême Sequoia.

Cette machine, commandée à Big Blue par l’armée américaine, sera utilisée pour simuler des expériences nucléaires ainsi que les processus de destruction de stocks d’armes.

Sa puissance de calcul sera au maximum de 20 pétaflops soit 20 x 10 puissance 15 opérations en virgule flottante par seconde. A titre de comparaison, rappelons que les machines actuelles les plus puissantes sont limitées à environ 480 téraflops (10 puissance 12) soit tout de même près de 40 fois moins.

Cette démesure dans la puissance de calcul est atteinte par l’association de 98 304 processeurs à 16 cœurs disposant chacun à titre privatif de 16 Go de mémoire vive. Le tout est réparti dans 96 racks qui doivent bien entendu être climatisés et qui, associés à tous les auxiliaires nécessaires à leur mise en œuvre, occupent une surface au sol de 318 m2.

La consommation électrique de l’ensemble est estimée à près de 30 MW :  soit l’équivalent de celle d’une ville de 30 000 habitants.

Si le gigantisme de ces chiffres vous laisse de marbre, imaginez-nous, 6,7 milliards d’êtres humains (de cette terre à flops), calculette en main, effectuant chacun un calcul donné 24 heures par jour et 365 jours par an : il nous faudrait 320 ans pour un calcul que Sequoia fera en une heure.

 

PS: en latin botanique, l'arbre avait d'abord été appelé washingtonia ou wellingtonia, puis Sequoiadendron giganteum du nom d'un célèbre chef cherokee : See-Quayah. Le plus gros spécimen connu porte le sobriquet General Sherman, ce qui confirme la vocation militaire de ce conifère.