Une alimentation sans fil, c'est une sorte d'éléphant capable de boire sans sa trompe. Dans le bestiaire de la physique, l'effet en jeu est le couplage inductif : lorsque le flux magnétique engendré par un courant varie, il induit une force électromotrice dans tout conducteur coupé par ce champ. Cet effet a toutefois le bras court et nécessite qu'inducteur et induit soient proches comme des sourds. Il y a quelques années, des chercheurs du MIT ont réussi à obtenir un couplage "fort" entre deux bobines accordées en fréquence, et ainsi pu réaliser un transfert d'énergie sur des distances supérieures au mètre. Appelé depuis couplage inductif par résonance, cette technique est aujourd'hui exploitée dans de nombreux systèmes de recharge sans fil.

Si, comme le vantent leur constructeurs, il devient avec ces systèmes aussi facile de recharger la batterie d'un véhicule que de le garer, la contrainte de la recharge est toujours là, et même vite là, au mieux après 150 km de route. Alors pourquoi pas faire de nos routes un circuit électrique grandeur nature ? Il serait par exemple possible d'enfouir des plaques conductrices sous la route et de transmettre leur courant aux véhicules par couplage inductif. Associés à des ingénieurs de Toyota, des chercheurs japonais ont montré la faisabilité technique d'une telle idée : ils ont réussi à alimenter une ampoule de 60 W reliée à un essieu et ses pneus, les roues étant posées sur un épais bloc de béton routier sous lequel couraient deux plaques conductrices alimentées par un onduleur. Le rendement de cette transmission sans fil était de plus de 80 %, et resterait de cet ordre de grandeur si la puissance transmise atteignait celle nécessaire à la propulsion d'un véhicule.

Cette ampoule allumée serait-elle le symbole de la bonne idée ?