La vache lui dit : « Je suis sûre que c'est la batterie ». L'automobiliste effrayé s'enfuit, tombe sur le fermier et lui explique qu'une vache vient de lui parler. « Ne l'écoutez pas, répond le paysan, elle y connaît rien aux bagnoles ».
Tirer le maximum d'une batterie ou d'une vache passe soit par une amélioration de l'espèce, soit par une exploitation raisonnée et optimisée de son potentiel. Les tenants de la première voie tenteront par exemple de remplacer le lithium par du sodium. Dans la réalité, améliorer la densité énergétique d'une batterie relève toutefois presque uniquement de l'exigence marketing : vous aurez beau ajouter quelques kWh/kg à son étiquette, un accumulateur devra encore être surdimensionné pour des raisons de sécurité et de fiabilité. L'état de santé d'une batterie est en effet déduit de paramètres mesurés à l'extérieur de la batterie : tension, courant et température. La température d'une cellule, sans parler de l'apparition de dépôts à la surface des électrodes, restent par exemple aussi inconnues que les états d'âme d'une vache un jour de grand vent.
Connaître en temps réel ces variables internes permettrait pourtant de tirer sur le pis de façon optimisée et, surtout, à technologie égale, de fabriquer des batteries plus légères et moins coûteuses.

C'est sur cette seconde voie que le programme américain AMPED (Advanced Management and Protection of Energy Storage Devices) vient de poser sa mamelle à dollars. Les financements accordés serviront à développer des capteurs à base de fibres optiques, capables de résister aux conditions corrosives et torrides des cellules d'une batterie. Ces capteurs pourront mesurer des changements de longueur d'onde aussi petits que 50 femtomètres, et donc détecter d'infimes variations de température ou modifications de l'environnement chimique. Ces données seront relayées en temps réel au système de gestion de la batterie, qui par exemple désactivera une cellule si sa température est trop élevée.