Lancement de l’association OpenGMSL - Entretien avec Yasmine King (Analog Devices)
sur

Début juin, ADI a annoncé le lancement de l’association OpenGMSL, réunissant des acteurs majeurs de l’industrie électronique et automobile, avec pour ambition de transformer la connectivité embarquée dans les véhicules.
Elektor : Avant d’aborder les apports et l’évolution de l’association OpenGMSL, pouvez-vous nous présenter la technologie GMSL ?
Yasmine King : Bien sûr. GMSL, pour Gigabit Multimedia Serial Link, est une technologie de transmission série haut débit développée par Analog Devices. Elle est utilisée en automobile pour acheminer des flux vidéo, par exemple entre une caméra et l’ordinateur de bord, ou encore pour alimenter les écrans du tableau de bord conducteur et ceux des passagers. La technologie GMSL est une solution câblée, fiable et éprouvée.
Elektor : Combien de temps cette technologie est-elle utilisée dans l’industrie automobile ?
Yasmine King : GMSL est une technologie mature, présente depuis 2008. Elle a fait ses preuves en matière de robustesse et de fiabilité, ce qui nous a permis de gagner la confiance d’équipementiers au niveau mondial.
Elektor : Avez-vous des exemples concrets d’utilisation à nous donner ?
Yasmine King : Bien sûr. Prenez la caméra de recul, c’est typiquement l’outil d’aide au parking apprécié des conducteurs. L’écran noir est inconcevable et bien GMSL garantit une transmission fiable en temps réel de l’image. Autre exemple : Pour des questions d’autonomie, le poids est l’ennemi de l’automobile. Il faut donc aussi réduire le poids du câblage et bien, GMSL permet d’utiliser des câbles plus fins et plus longs sans compromettre la qualité du signal et avec une faible latence pour la transmission en temps réel des images des caméras extérieures vers les écrans dans l’habitacle. Comme on dit : GMSL fait le job !
Elektor : Concrètement, quels sont les bénéfices pour les équipementiers ?
Yasmine King : GMSL offre une grande flexibilité de topologie, ce qui est essentiel dans la transition des architectures électroniques par domaines vers des architectures zonales et des véhicules définis par logiciel. Grâce à cette flexibilité, les constructeurs peuvent connecter plusieurs écrans ou agréger les données de plusieurs capteurs sans modifier les faisceaux de câbles. De plus, GMSL est certifiée ASIL B, ce qui garantit un haut niveau de sécurité fonctionnelle.
Elektor : Y a-t-il d’autres avantages ?
Yasmine King : Oui, GMSL intègre un système de diagnostic en temps réel. Cela permet de localiser rapidement une panne, comme un câble défectueux, et de réduire les coûts de garantie et les temps d’immobilisation en atelier. Nous en sommes aujourd’hui à la troisième génération de GMSL, et pour accompagner l’évolution vers les architectures zonales, nous avons décidé d’ouvrir cette technologie.
Elektor : C’est donc là qu’intervient l’association OpenGMSL ?
Yasmine King : Exactement. Nous avons transféré GMSL d’une solution propriétaire en un standard ouvert, géré par l’association OpenGMSL, à but non lucratif. L’objectif est de faciliter l’adoption de cette technologie dans l’ensemble de l’industrie, en réduisant les coûts, en accélérant le développement et en favorisant l’interopérabilité.
Elektor : Quels sont les membres fondateurs de cette association ?
Yasmine King : Nous avons reçu un accueil très positif. Parmi les membres, on retrouve des laboratoires de test comme Keysight et Rohde & Schwarz, des équipementiers comme Denso, des constructeurs automobiles comme Hyundai et Geely, ainsi que des fabricants de semiconducteurs comme Qualcomm, Sony et Ethernovia.
Elektor : Quels sont les standards concurrents de GMSL ?
Yasmine King : Il en existe, bien sûr. On peut citer MIPIA-PHY, ASA et HSMT en Chine. Mais aucun de ces standards n’a encore atteint le niveau de maturité de GMSL. Nous avons déjà livré plus d’un milliard de circuits intégrés, et notre technologie est largement adoptée par les OEM à travers le monde.
Elektor : Quels retours avez-vous reçus jusqu’à présent ?
Yasmine King : Ils sont très encourageants. Habituellement, il faut plusieurs années pour fédérer un écosystème autour d’un nouveau standard. En un an, nous avons déjà rassemblé un réseau solide d’acteurs clés. Nous sommes convaincus que cette dynamique va s’accélérer dans les mois à venir.
Analog Devices (ADI)
Discussion (0 commentaire(s))