Lorsque mes activités de rédacteur en chef au sein d’Elektor me laissent un peu de temps libre, je m’en vais au vent mauvais, entendez par là : à celui que peuvent dégager certaines poubelles. Rassurez-vous, ce n’est pas en quête de restes de sandwich que j’ouvre mon œil de pie, mais dans l’espoir de récupérer quelque vieil appareil électronique. Je les restaure, et parfois les décris dans la rubrique Rétronique du magazine. Lors d’une de mes récentes razzias chez un «ferraillleur», je suis tombé sur deux oscilloscopes Tektronix 2235 double trace de 100 MHz. Il s’agissait heureusement d’appareils portables légers que j’ai donc pu caser dans mon coffre déjà bien plein.
 
Les Teks peuvent contenir une douzaine de rails d’alimentation et plus de 50 tubes. Que me réservent ceux-là ? L’alimentation de l’un des deux semblait avoir un problème de surchauffe : odeur caractéristique du mélange poussières & arc électrique. Je me suis dit qu’un coup de chiffon sur les suspects habituels, transfo HT, diodes et condensateurs, allait arranger ça. J’ai sorti mon jeu d’embouts Jackly 32-in-1 à 5 $ (cf. photo) et commencé à dévisser l’arrière de l’instrument. C’est là que je suis tombé sur une Torx T7. Elle était tellement bien serrée que l’embout de mon tournevis s’est tordu comme du chewing-gum. Je suis donc sorti en acheter un neuf, mais il est difficile de trouver des embouts vendus séparément. Un quincailler m’a proposé  des T6, des T8 et des T10, mais pas de T7… Mon collègue Thijs Beckers m’a alors suggéré d’utiliser la nouvelle trousse d’outils iFixit Pro Tech Toolkit qu’Elektor propose dans l’e-choppe.
 
Les trousses d’outils iFixit sont très utilisées par les réparateurs de smartphones, ordinateurs et autres consoles de jeux, donc je me suis dit : « Pourquoi pas l’essayer sur un oscilloscope des années 80 ? » (made in England).
 
Mon jeu d’embouts à 5 $.

J’ai extrait la vis récalcitrante en un rien de temps grâce à l’embout TR-7 (= Torx Security) de la trousse iFixit. Pas de problème non plus pour dévisser le capot de protection contre les hautes tensions, puis la carte d’alimentation. L’embout TR-7 s'est parfaitement adapté à la tête des vis, ma force de torsion ne les a pas abîmées, et pourtant j’ai eu l’impression que l’embout manque un peu de dureté. Les brucelles croisées de précision se sont montrées utiles pour attraper ET ne pas perdre certaines des petites vis du circuit imprimé. Les spatules en plastique souple (qui ressemblent à des mini crics) sont bien pratiques aussi puisqu’elles m’ont permis de faire levier pour extraire la large carte de ses entretoises sans endommager ses côtés.
 
J’ai trouvé amusant de lire sur certains de ces outils des devises comme repair is noble et this tool is designed to break before your device does. J’ai dépoussiéré la carte d’alimentation, l’ai nettoyée à l’alcool isopropylique, remplacé un condensateur électrolytique un peu trop bombé (même si sa résistance série équivalente était dans le vert), puis remonté le tout (à l’exception du boîtier) avec des embouts Torx 7,8 et 10. J’ai mis l’oscilloscope sous tension et me suis servi d’une des pointes de la trousse pour tapoter le circuit imprimé et quelques composants. Je cherchais un « effet microphonique » que j’avais perçu une fois dans la trace supérieure en branchant ma sonde dans la prise BNC du panneau avant. Mais tout fonctionnait, et d’ailleurs je ne l’ai plus entendu depuis.