L'écran de la caisse affiche 0,75 €. J'arrête la caissière et lui dis que non, dans le rayon le prix de l'avocat c'est 0,60 €. Elle me répond que si, l'avocat est bien à 75 centimes aujourd'hui.

Je fais non de la tête et lui dis, suave : « J'appelle un avocat ». Elle rétorque : « Faut que j'appelle la chef ».

Ce genre de désagrément lié à un problème d'absence ou de mauvaise lecture du code à barres devrait bientôt disparaître. Le fabricant japonais Toshiba a en effet mis au point un appareil capable de reconnaître n'importe quel fruit ou légume. Adieu les codes à barres illisibles et les files d'attente devant les caisses. Ce logiciel de reconnaissance optique de légumes fait la différence entre la Jonagold et la Fuji, véritables Dupond et Dupont de la pomme.

Entre la numérisation de l'image et le calcul de la représentation des données (qui permettra ensuite d'assigner la forme détectée à une classe d'objet) se déroule le prétraitement, c'est-à-dire l'élimination des bruits, l'amélioration des contrastes, etc. Toshiba a su contourner les difficiles problèmes de cette étape clé. Le système apprend dans un premier temps à éliminer en les noircissant les éléments toujours présents dans le champ de vision de la caméra (l'employé et son environnement). C'est cette élimination du bruit visuel qui explique les performances de la segmentation forme/fond. On le voit très bien sur la vidéo : les produits apparaissent sur fond noir. La forme extraite est ensuite identifiée par comparaison aux formes enregistrées dans une base de données. Le logiciel s'appuie sur les différences de textures et de couleurs pour distinguer deux objets de formes identiques.

Contrairement à la ménagère, il faut un certain temps à l'ordinateur pour distinguer un piment rouge d'une fraise. Le système suit donc une formation maraîchère d'un an pour apprendre à reconnaître l'aspect des fruits et légumes selon leur orientation, leur mûrissement et... leur vitesse de passage devant la caméra, jusqu'à 50 km/h.

Toshiba envisage d'étendre son scanner, actuellement en phase d'essai, à d'autres produits. Très bien, mais si la caissière a des saucisses à la place des doigts ? Est-ce que je vais retrouver deux paquets de Knackis sur ma note ?