Mac Mahon : Que d'eau ! Que d'eau !
Préfet : Et encore, monsieur le Maréchal, vous ne voyez que le dessus.

Et s'il avait pu voir les dessous de cette débordante Garonne ? À son estuaire, il aurait vu de longs doigts d'eau douce et d'eau de mer s'entrelacer et se livrer à un étrange kamasutra hydrodynamique. La rencontre d'eau douce et d'eau salée engendre en effet des flux complexes. Une façon d'exploiter l'énergie libérée par cette dynamique est de conduire eau douce et eau de mer dans des chambres séparées par une membrane. Par osmose, l'eau douce passe alors dans la chambre contenant l'eau de mer afin que s'équilibre la concentration saline des deux chambres. Ce flux à sens unique entraîne l'apparition d'une pression hydrostatique de 12 bars, pression suffisante pour produire de l'électricité au moyen d'une turbine.
La centrale osmotique de Tofte, en Norvège, produit ainsi de l'électricité à partir de 2000 m² de membrane. Cette centrale unique au monde n'est qu'un prototype, et pour l'heure consomme plus de courant qu'elle n'en produit, avec un rendement inférieur à 1 W/m². Soit en gros de quoi alimenter une cafetière électrique.
Cocoric-eau, grâce à une équipe de l'Institut Lumière Matière de Lyon, le prix du café le plus cher du monde pourrait baisser : en insérant un nanotube de nitrure de bore dans une membrane séparant deux solutions de concentrations salines différentes, les physiciens ont observé que le transport du fluide à travers le nanotube s'accompagnait de l'apparition d'un courant électrique « géant », mille fois supérieur à tout ce qui avait pu être obtenu jusqu'alors par osmose. Par extrapolation, les chercheurs estiment que 1 m² de leur membrane à nanotubes pourrait produire 4 kW, contre 5 W/m² prévus en 2015 pour la phase de production de la centrale de Tofte !