Selon l'Institut international de gestion de l'eau, le tiers de la population mondiale manquera du précieux liquide d'ici 2025. Or, les pénuries d'eau sont souvent causées par de simples fuites. En effet, de 20 à 30 % de l'eau traitée se perd dans les réseaux en raison de problèmes banals qui peuvent pourtant être corrigés. Toutefois, les réparations doivent être effectuées avec la plus grande précision possible, car les travaux d'excavation et de pavage coûtent cher. Si, pour colmater une fuite, on creuse à plus d'un endroit ou sur une plus grande superficie que nécessaire, on risque de provoquer un fâcheux effet domino : entraves à la circulation, grogne des usagers et pertes commerciales.
Par ailleurs, les trous dans les canalisations laissent pénétrer dans le réseau d'aqueduc des contaminants néfastes sur le plan de la santé publique.
Des chercheurs de l'Université Concordia (Montréal) montrent comment un enregistreur de bruit permet de détecter les fuites avec précision et efficacité, avant d’entreprendre les travaux routiers. Ils se sont rendus à Doha, au Qatar, afin de vérifier leurs hypothèses, car ce pays a à résoudre de sérieux problèmes d'approvisionnement hydrique. Dans son réseau d'aqueduc, les pertes d'eau attribuables aux fuites sont de l'ordre de 35%.
Les chercheurs ont installé des capteurs de sons le long des principales conduites d'eau. Ainsi, ils ont pu enregistrer le bruit constant produit par une fuite sur une période de deux heures. Puis, ils ont analysé leurs lectures, comparant l'intensité et la propagation du son. Toute anomalie décelée par ces deux paramètres à la fois commandait la recherche d'une fuite.
Au fil de plusieurs semaines de surveillance, les chercheurs ont recueilli des données sur 140 points différents. Ils ont ensuite utilisé ces données pour effectuer des simulations à l'aide de modèles mathématiques, et établir ainsi l'emplacement exact des fuites avec une précision de 99,5 %.